Premier janvier, quoi de mieux qu’inaugurer cette nouvelle année en sortant en exploration …
Je ne présente plus mon binôme actuel, Girlfriend bien sûr, avec qui j’ai pu faire cette visite qui a été plutôt frustrante puis intrigante niveau ressentis … Frustrante car c’est Guillaume de Bararuines qui m’a branchée sur ce lieu, l’ayant exploré, et il avait pu pénétrer dans la partie la plus intéressante du mas, celle avec les bibliothèques et les salles de bain. Et au vu de ses photos, ça donnait bien envie !!!
Arrivées sur le lieu après une pause de midi petits fours – champagne (pas de bière, c’est le 1er janvier quand même), nous découvrons l’ampleur de la propriété, il s’agissait ici d’un ancien domaine agricole, au vu du nombre de granges qui entourent la maison. Nous faisons le tour, cherchant une entrée, en trouvant une qui mène à une salle complètement effondrée … du coup nous la gardons pour plus tard.
Toute la propriété est cerclée d’une grille bien pointue. Mais ça nous permet de regarder les environs et penser que le domaine devait cultiver des vignes. La famille qui habitait là devait être très prospère. Que s’est-il passé pour que tout sombre ?
Nous nous décidons à visiter la première partie, espérant que les auspices se montreront positifs. Je crains beaucoup de marcher sur un éventuel clou rouillé … non seulement ça fait mal, mais ça fait des lustres que je n’ai pas fait mon rappel anti-tétanique.
A l’entrée, des magazines parlant d’arboriculture :
Nous arrivons dans une pièce plutôt intéressante … il y a tous les documents relatifs au domaine, avec les chiffres réalisés lors des différentes années, des années où je ne suis pas encore née.
Que s’est-il passé, pourquoi cet endroit est-il passé comme ça, à l’abandon, comme si les habitants étaient partis du jour au lendemain ? Tout y pourrit.
Je retrouve de mon côté des livres de la Bibliothèque Rose en excellent état, au vu de l’édition, ils doivent dater des années 60-70 …
Nous sommes extrêmement intriguées et passons pas mal de temps à essayer de trouver dans ces documents collés par la moisissure et l’humidité des reliques.
Nous regardons le grand escalier et ne sommes pas pour le moment convaincues de le monter, au vu de son état … dans des temps anciens ça devait être magnifique, avec cette fenêtre en vitrail.
Mais soit, ce hors d’œuvre nous a mises en appétit, nous voulons voir la suite ! Nous cherchons par tous les moyens d’entrer dans la partie encore intacte … après m’être informée auprès de Guillaume, nous décidons de franchir la grille devant ce qui devait être l’entrée principale. Alors que Girlfriend manque de justesse de s’empaler sur les pointes, je n’ai pas sa hardiesse, mais je remarque un portail, et tentant de tout pour le tout, j’arrive à l’ouvrir gentiment ! Après une ruée dans les ronces, nous cherchons une entrée. Je remarque que le Christ est omniprésent sur les volets, mais hélas, rien ne s’ouvre à nous, nous cherchons, sommes opiniâtres et déterminées, mais rien ne veut se plier à notre volonté … je suis dépit. Je me dis alors tant qu’à y être, peut-être que les parties communiquent à l’étage … oui, en montant cet escalier ravagé que nous avons vu.
Nous revenons sur nos pas et y allons tout doucement à tour de rôle. La première pièce que nous trouvons est dans un bien triste état :
Girlfriend y trouve le piano, sur lequel est posée une poupée qui donne la chair de poule, et ne peut s’empêcher de jouer quelques notes … à notre grande surprise, non seulement il marche, mais il est à peine désaccordé !!! Cependant, elle ne se sent pas vraiment à l’aise et décide de redescendre. Je reste encore un peu, explorant et cherchant une éventuelle entrée pour notre Graal. Je tombe sur une pièce sombre remplie de jeux de société et de jouets. Il y avaient des enfants donc, qui y vivaient. Au fond, une porte, qui communique certainement avec ce qu’on veut visiter … mais derrière, tout est muré. Zut !
Et là , de mon côté, un frisson me parcourt l’échine. Il y a des endroits, quand je les visite, où je ne me sens pas la bienvenue, comme une intruse, comme si … je n’avais pas, pour une raison x, y, z, le droit d’être là (sans pour autant parler de paranormal, entendons-nous bien). Je n’ai pas pris de photo de cette pièce, je suis vite partie. Sur un meuble du palier, je remarque un violon en morceaux … qui l’a cassé, cet endroit est pratiquement méconnu de l’urbex, peut-être son propriétaire ? Je regarde les morceaux … mon Dieu, c’était un authentique Stradivarius !!! Quel dommage !!!
Je ne me sens pas bien, là où je me trouve. Je décide de rejoindre Girlfriend, et partir. Peut-être aurons-nous une nouvelle occasion de revenir sur les lieux, et nous pourrons en profiter pleinement. Cependant, j’hésite … cette sensation de malaise ne m’a pas quittée, même en partant, et je l’ai conservée jusqu’au soir.
Décidément ce lieu ne s’est pas révélé facilement et nous avons à plusieurs reprises hésité à faire demi-tour bredouilles. Mais l’association de l’intrépide et de la perspicace a rendu possible la visite ( je vous laisse deviner à quel membre du binôme je me réfère).
Parmi les scènes surréalistes, la palme revient à ce piano trônant dans un salon sans toit, au milieu d’un amas d’objets cassés. C’est un miracle qu’il fonctionne encore et, à ce stade je n’aurais pas été étonnée de voir l’acteur principal du film Le pianiste, Adrien Brody s’avancer et jouer dans ce décor de désolation. Les jouets empilés dans une pièce laissaient penser qu’une famille nombreuse a vécu ici, prospère aussi d’après certains détails comme le nombre de sécateurs dans le garage ou les livres de comptes de la propriété. L’exploitation a certainement connu une période florissante. Depuis la cour intérieure, j’imaginais les tracteurs ramenant bennes et godets remplis des produits de la récolte. Grandeur et décadence pour une entreprise qui n’a probablement pas eu de repreneur, l’amertume s’est installée en moi en pensant à la triste fin des lieux. Les lierres et les feuilles mortes ont commencé à investir certaines pièces, la nature reprend ses droits et personnellement je m’en réjouis.
Votre associée et admiratrice blonde