Ce week-end était pas mal chargé, étant donné qu’avec Girlfriend nous avons fait un petit road-trip urbex comme ça faisait bien longtemps. Je l’en remercie, c’était son initiative, puis mon nouvel appareil photo a besoin de se dégourdir les pattes …
En tout et pour tout, nous avons visité trois spots, que vous allez découvrir au fil des jours, dans l’ordre croisant de ma préférence (vous allez voir, le troisième est un bi-jou !). A vrai dire, je ne pensais pas que celui-ci allait figurer au bas, mais vraiment tout au bas, tant j’avais vu des reportages, des photos de ce lieu. Hélas, mes amis, cet endroit est purement et simplement ravagé … et cela en peu de temps, il y a seulement un an et demi, c’était encore plutôt exploitable ! Les gens qui se sont amusés à tout casser méritent tout simplement d’aller faire une péritonite dans la cave de ce préventorium.
Sur ce plan de 1991 (source ign.fr), nous reconnaissons bien la structure de l’endroit : en haut à droite, le château, en bas à gauche et en forme de Z, le bâtiment moderne, et les deux sont entourés de petites maisons, probablement des annexes.
Mais déjà, parlons du lieu
Il s’agit ici d’un bâtiment historique, un château du XVIIe siècle, remanié au XVIIIe (suite à un incendie), complètement isolé sur une colline. Il deviendra en 1932 un sanatorium, puis un centre de convalescence pédiatrique. En 1995, il sera reconverti en établissement psychiatrique, c’est ainsi que le domaine se verra affublé d’une horreur architecturale à cette période. Dans un podcast lié à cet endroit (mais je n’ai pas trouvé les sources), il a été également question d’un meurtre sur les lieux, une femme aurait assassiné son mari, celui qui a réhabilité le château après qu’il ait brûlé. Charmant.
A priori, sa fermeture a été prononcée en 2013. On lit encore sur Internet des témoignages de ces enfants devenus grands, parlant avec nostalgie de la campagne environnante, du cadre idyllique, mais parfois faisant mention de la sévérité du personnel éducatif.
En 2019, des idées de reconversion ont été émises, il était prévu qu’il devienne un collège-lycée de prestige.
Notre visite
Déjà en voyant la façade, nous commençons à baliser, mais nous voulons y croire !
Mais arrivées à l’intérieur, quel désastre … tout est par terre, fracassé …
J’ai peur que nous n’ayons rien à voir, mais les terrains sont grands, et il y a plusieurs bâtiments. Mais j’avoue que ma déception est, dès les premières minutes, évidente. Nous sommes arrivées trop tard … mais je garde espoir ! Nous commençons par visiter le rez de chaussée, je suis dépitée, il n’y a rien à voir, hormis cette cuisine avec encore un peu de matériel dedans :
Seigneur, quelle tristesse. Nous nous promenons dans les étages, mais a peine arpentons-nous les couloirs que notre attention est requise. Nous entendons des bruits de pas. Pire que ça, des voix ! Girlfriend ne se sent pas rassurée, elle a peur de faire une mauvaise rencontre. Ayant plus de bouteille, je garde la tête froide et regarde furtivement les alentours. Il y a effectivement une personne allongée dans l’herbe, elle n’a pas l’air bien offensive, puis en même temps, j’imagine que le château est un lieu de promenade du week-end. Je lui propose de continuer la visite en toute discrétion.
A l’étage, nous y trouvons les chambres, mais il n’y a rien à voir … cependant, il reste un endroit assez sympa à photographier, des box qui sont encore en état potable :
Girlfriend s’y sent triste, elle a une pensée pour tous ces enfants convalescents qui ont été hospitalisés, peut-être est-elle réceptive aux ondes de ce lieu ? De mon côté, je ne ressens rien de particulier. Cependant, arrivée au bout des box, je vois la porte qui s’ouvre toute seule ! Je sursaute, j’ai le souvenir que ce lieu a la réputation d’être hanté ! Je me rassure illico en me disant qu’ici, tout est ouvert à tous les vents et qu’un courant d’air est à l’origine du phénomène.
Il reste une pièce en assez bon état, avec une œuvre sur le mur, un collage sur une peinture, et la porte donnant accès à la salle « les Mickeys ». C’est plutôt mignon :
Nous quittons le bâtiment, pour aller à la structure moderne qui est quelques mètres plus loin. On y trouve des vestiaires, ainsi qu’un grand gymnase. Mais, encore une fois, nous nous mettons aux aguets. Nous entendons une voiture ! Je me poste à une fenêtre et je vois un beau véhicule, du genre modèle de collection des années 60, gris chromé. Mmmmh, ça ce n’est ni un promeneur ni un urbexeur, encore moins un vandale. Mais ça peut très bien être le propriétaire, ou un représentant légal. Nous décidons à ce moment là de quitter les lieux le plus discrètement possible. Je jette néanmoins un œil dans la maison située en contrebas, œil qui sera vite reparti, il y a juste d’autres chambres à l’intérieur, probablement une annexe.
Dans la voiture, je me sens déçue d’avorter ainsi la visite, d’autant plus que nous n’avions pas tout visité. Mais je préfère prendre ce genre de précautions.
Pour conclure, je dirai que j’espère que ce lieu sera racheté, ou réhabilité prochainement. Le bâtiment du château, de l’extérieur est magnifique, mais il y aura énormément de travaux à prévoir. L’état de l’intérieur est une horreur totale, et je regrette de ne pas avoir fait cette exploration plus tôt.
Même à travers les photos on sent une ambiance lourde sur ce lieu. Comment cela se fait que le lieu soit autant dégradé alors qu’il est au milieu de rien, perdu dans la nature ?
Bonjour Max et merci pour ton commentaire. C’est une bonne question, je pense que beaucoup de sites web ont véhiculé l’adresse exacte, du coup certains vont faire des kilomètres rien que pour casser …
Cette exploration a était chargée en émotions fortes et je me suis sentie très déstabilisée dans les lieux.
Pour commencer, une arrivée dans un endroit majestueux avec de larges panoramas sur les collines environnantes, une forte lumière et…la vue de cette immense bâtisse taguée et cassée de toutes parts. Arrivée à l’intérieur, un flot de tristesse m’a submergé: tout était saccagé, une grande partie du mobilier avait été jetée par les fenêtres et gisait en contrebas dans les talus. A l’étage, je suis restée longtemps dans les dortoirs ravagés, les larmes au bord des yeux.. Le nombre de lits destinés aux enfants, les numéros sur les portes, les cloisons ouvertes réduisant l’intimité de chacun à peau de chagrin, l’alignement des lavabos et sanitaires communs. Je me suis sentie mal pour ces enfants qui avaient résidé ici, j’ai perçu la froideur de l’institution masquée grossièrement par de la peinture rose et quelques images sur les murs.
La visite du gymnase a cependant été bien plus agréable, les dessins dans les salles et même les tags semblaient plus chaleureux.
Amelaye, voyant mon inconfort, a proposé de filer discrètement même s’il restait des lieux à explorer. Nous sommes reparties en prennant garde de ne pas nous faire repérer par l’homme présent sur les lieux, ce qui était une grande première pour moi ( et assez excitant je dois l’avouer). Merci à elle pour sa bienveillance!
Une admiratrice blonde