L’Hôpital Labyrinthe

Un lieu exceptionnel, car là où je me trouve, c’est tout simplement l’El Dorado de l’urbex, le pays béni des ruines de tous âges, des structures meravigliossima … vous avez compris, me voici en ITALIE !!!

A propos du lieu

Très connu de l’urbex, hélas, très connu tout court. Il s’agit d’un hôpital construit vers le début des années 1900, conçu au départ pour soigner les patients atteints de tuberculose. Il sera ouvert en 1924, les travaux étant ralentis à cause de la Première Guerre Mondiale, et il comprend d’immenses bâtiments sur une surface totale de 24 000 mètres carrés, entourant une petite église, jamais désacralisée. On y retrouve vraiment cette belle architecture italienne, ornées de colonnes en marbre, tout y est immense.

Au début des années 2010, les bâtiments ne sont plus aux normes, et plutôt que d’aménager l’existant qui est juste somptueux, il est décidé de construire un ensemble tout neuf juste à côté (mais vraiment A CÔTÉ) pour laisser le reste à l’abandon, probablement pour des raisons de coût.

Sur cette image, on se rend compte de l’immensité, pensez que la chapelle au centre a le périmètre d’une vraie petite église (le nouvel hôpital est en haut à gauche)

Chose faite en 2015, date de l’inauguration de l’hôpital tout neuf. Depuis, ce complexe n’accueille plus de malades, mais des promeneurs du dimanche, des urbexeurs, des chasseurs de fantômes, et d’éventuels squatteurs. On notera l’histoire touchante de Michele, un brave homme, qui « habitait » dans les sous-sols, mais qui a vu un jour son installation et toutes ses affaires détruites par les flammes (parce que malheureusement, des incendies y ont été recensés deux-trois fois). Une bande d’explorateurs émus par ces évènements et qui avaient pu discuter avec lui ont décidé de mettre en place une cagnotte, et de contacter divers organismes pour reloger le gentil Michele et il a pu ainsi trouver un studio pour y vivre dans des conditions décentes, il a retrouvé un travail et a repris un nouveau départ dans la vie. Un vrai conte de Noël dans la réalité, à raconter au coin du feu à vos enfants avant qu’ils ne déballent leurs cadeaux.

Hélas, depuis sa fermeture, l’accès trop facile à l’hôpital permet les dégradations sévères. Beaucoup de choses sont cassées, graffés, brulées … c’est triste. On ne sait pas encore ce que va devenir cet hôpital, des mobilisations ont eu lieu, motivées par les cassages en série qui mettent en péril ce site, et j’espère qu’il sera un jour réhabilité.

Ma visite

Une belle matinée de septembre, me voici en chemin mais avec une petite peur au ventre. Ce n’est pas la première fois que je fais une exploration seule, mais cette fois, j’ai vraiment peur de faire une mauvaise rencontre. Cependant Guillaume-de-Bararuines, qui a déjà visité ce spot, m’a pas mal rassurée sur la sécurité du lieu. Il faut néanmoins faire attention. Je décide de ne m’aventurer ni dans les sous-sols, ni dans les endroits très sombres.

J’arrive à l’entrée du nouvel hôpital, le parking est quasi-désert. Je remarque de suite à ma droite les bâtiments que je vais visiter, tellement ils sont … énormes, gigantesques. C’est fou comme c’est grand ! Je suis réellement impressionnée, tout en cherchant un endroit pour me faufiler, ce qui sera vite trouvé. Je m’engouffre fissa pour me retrouver dans une végétation abondante, et des bâtiments abandonnés tout autour. Par quoi commencer ? Autant débuter la visite par le plus important : la chapelle. L’accès à l’un des couloirs est ouvert et j’entre. Ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas fait d’urbex, cette odeur de poussière et de gravats, ce crépitement des débris sous mes chaussures … c’est tellement bon … je suis dans mon élément ! Et vous allez voir, ça ne va pas être triste (hashtag urbex qui tourne mal, hashtag je n’étais pas seule, hashtag un fantôme dans l’église, hashtag des oiseaux m’attaquent).

La « chiasa »

L’église est superbe, ça rappelle tant les beaux monuments italiens, il n’y a que là qu’on peut trouver de tels endroits, même abandonnés. Hélas, les bancs ont été pillés, des autels cassés et pour couronner le tout des imbéciles ont trouvé sympa de faire un feu dedans !

Une fois la chapelle visitée, je me dirige vers les bâtiments administratifs, et l’ancien accueil. Et là, le premier coup de stress commence, j’entends bien des bruits de pas, dans un des bâtiments voisins. Hummm … il va falloir faire preuve de discrétion. C’est facile de ne pas se croiser, c’est tellement truffé de couloirs qu’on peut fuir facilement.

Tant de couloirs …

Je passe un bon bout de temps, tellement c’est beau, il y a des escaliers en marbre, des hauts plafonds à moulures … mais quel dommage de laisser tout ça aux casseurs !

Là je me dirige vers la plus grande structure … et au moment où je m’extasie sur l’ascenseur à l’ancienne, là j’entends clairement des voix masculines et des pas qui se dirigent vers ma direction !!! je prends la fuite … direct … ils me suivent … bon sang, que faire, j’entends crier « mira, mira !!! » et je vois un jeune qui avance à grands pas bien bruyants vers la chapelle, de mon côté de prends le chemin des urgences et trouve l’ancienne entrée de l’hôpital. Là j’attends dehors, reprenant mon souffle en prenant des photos des façades. Je vois des gens qui sortent, également, des quinquas qui ont tout l’air de promeneurs, puis je retrouve le jeune accompagné d’un homme plus âgé, probablement son père, qui repartent gentiment à vélo. Que d’émotions ! Mais tout va bien, nous nous saluons d’un sourire. Savent-ils qu’on m’ont fichu la plus belle frousse de ma vie ?

Je reprends la visite, vu le nombre d’ambulanciers qui m’ont vue, je suis grillée. Mais visiblement, le personnel est habitué à voir des gens aller et venir dans ces ruines. Je me dirige là où je m’étais arrêtée, et je visite, j’arpente ces couloirs, ces croisements qui n’en finissent plus. Des pièces sont remarquables avec des fresques so italian … et là … ça recommence. Encore des voix, cette fois qui proviennent de la chapelle. Je regarde discrètement à travers la fenêtre, et remarque un visage blanc, grimaçant, digne d’un film d’horreur ! Je comprends tout de suite qu’il s’agit d’une mise en scène pour une séance photo. J’entends des rires, tout va bien, ils vont faire leur vie, et moi je fais la mienne. Tout est si grand, il y a un étage pour la pneumologie, avec des terrasses qui permettaient aux gens de respirer à l’extérieur, comme dans un sanatorium, un étage dédié à la chirurgie, où on y retrouve les salles d’opération, avec les pieds pour les éclairages (quel dommage qu’ils aient été démontés). Hormis ça, beaucoup de chambres, toutes vidées. Je suis un peu sur mes gardes niveau son, car la sirène des ambulances ressemble vraiment à une alarme. J’essaie de garder mon calme et toute ma tête.

L’ancienne entrée, la route est toujours en service pour les ambulances.

Et au dernier étage, nouvelle frayeur ! Décidément, on ne veut pas me laisser explorer pépère ! Arrivée au bout du couloir, j’entends des grattements au niveau du faux plafond, certainement une bestiole qui niche là-dedans, mais passé ce « nid », tout un groupe de pigeons s’envole devant mon nez, ce qui manque déclencher de mon côté une bonne crise cardiaque ! Un petit remake des « oiseaux » d’Hitchcock dans un hôpital délabré ?

Ceci dit, hormis ces mésaventures, je me sens bien, au frais. Dehors les températures augmentent et les vieilles pierres gardent la fraîcheur. Je m’extasie devant plein de petites choses, reliques du passé (des vitres peintes avec des personnages Disney, par exemple). Cependant, je fais attention où je mets les pieds, car je remarque des dangers potentiels, comme par exemple les ouvertures des ascenseurs béantes. Franchement, je ne comprends pas ceux qui font de l’urbex de nuit, comme le font bon nombre de Youtubeurs. C’est déjà assez prenant niveau émotions de jour, pourquoi rajouter du danger, quand on sait ce que ça comporte : chutes, blessures et risque bien plus accru de mauvaises rencontres ? Et en plus les images sont sombres, on n’y voit rien !

J’y passe bien quelques heures, et je commence à ressentir une certaine fatigue. Je m’introduis dans un autre bâtiment, et je me rends compte qu’une bonne partie a brulé. Je ne vois rien de bien intéressant là-dedans et je ne « sens » pas l’endroit.

J’ai eu envie d’aller dans le bâtiment des chaudières, surmontée d’une grande cheminée à l’ancienne. Mais mon niveau de vigilance a baissé, faire de l’urbex seule n’est pas anodin et demande beaucoup d’attention (c’est pourquoi je le déconseille, encore une fois, il faut bien connaitre l’urbex pour envisager de faire ça seul – et surtout seulE). Tant pis, je vais m’en tenir là, et j’ai déjà beaucoup exploré.

Ma visite en photos

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